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Robert Bourgi tend la main à Kemi Seba… et se fait poliment rembarrer

L’ex-proche de Jacques Chirac et figure emblématique de la Françafrique, Robert Bourgi, s’est dit prêt à soutenir le panafricaniste Kemi Seba. Ce dernier lui a opposé une fin de non-recevoir. Décryptage d’un échange qui en dit long sur l’évolution des rapports entre générations politiques africaines.

Robert Bourgi tend la main à Kemi Seba… et se fait poliment rembarrer

Un dialogue inattendu entre deux mondes

Dans une séquence diffusée récemment sur la chaîne YouTube « Les Funérailles des Tabous », Robert Bourgi, célèbre avocat franco-libanais et ancien confident de plusieurs présidents africains et français, surprend. Interrogé sur les figures montantes du panafricanisme contemporain, un nom est cité : Kemi Seba.

« Êtes-vous aujourd’hui capable ou prêt à accompagner ce genre de leader ? » lui demande un intervenant.

Sans hésiter, Robert Bourgi répond :

« Oui, pourquoi pas. »

Souriant, il ajoute connaître l’activiste et lance un message à la jeunesse africaine :

« Vous avez les moyens de vous faire respecter. Prenez votre destin en main. Faites-vous confiance. »

Une réponse qui semble marquer une tentative de réconciliation entre l’ancien monde de la Françafrique et la nouvelle génération anticolonialistes.


📌 ENCADRÉ – Qui est Robert Bourgi ?

Figure controversée, Robert Bourgi a longtemps incarné les réseaux informels entre Paris et plusieurs capitales africaines. Proche de Jacques Foccart, il a conseillé Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et d’autres. Il est souvent cité comme l’un des architectes de la Françafrique, un système qu’il a pourtant lui-même critiqué ces dernières années, allant jusqu’à publier des « confessions » sur les dessous de ces relations opaques.


Kemi Seba : une réponse sèche et sans ambiguïté

Loin de savourer ce début d’ouverture, Kemi Seba a rapidement réagi sur le réseau social X (ex-Twitter). Dans un message sec et clair, il décline fermement l’offre implicite de soutien de Bourgi :

« Robert Bourgi, ex-pilier de la Françafrique, regrette ses actes passés et se déclare prêt à soutenir Kemi Seba… Non, merci, ça ira. »

Le message est sans équivoque. Pour le béninois, dont les prises de position anticoloniales et anti-impérialistes ont souvent ciblé des figures comme Bourgi, la page de l’ancienne élite politique est définitivement tournée.


🎤 Une fracture générationnelle et politique

L’échange révèle une rupture profonde entre deux visions de l’Afrique. D’un côté, Robert Bourgi, 78 ans, issu d’un système politique fondé sur les alliances discrètes, les « valises » et les réseaux. De l’autre, Kemi Seba, 42 ans, porte-voix d’une jeunesse africaine radicale, connectée, militante, et en quête de souveraineté totale, y compris monétaire.

✍️ Citation de Kemi Seba (2018)

« Ce que nous voulons, ce n’est pas être intégrés dans l’ordre mondial, c’est y mettre fin pour en construire un autre, juste et équitable. »


Un symbole du tournant panafricain

Le refus de Kemi Seba est plus qu’une pique : c’est un message politique. Il indique que le soutien de figures associées à la Françafrique est aujourd’hui perçu comme un handicap, non un atout. Dans l’opinion panafricaine, l’indépendance idéologique est non négociable. Même les repentirs, aussi sincères soient-ils, ne garantissent pas la réhabilitation.


📌 ENCADRÉ HISTORIQUE – La Françafrique, un système en agonie ?

Inventée dans les années 1960, la Françafrique désigne un ensemble de réseaux politiques, militaires et économiques unissant Paris à ses anciennes colonies africaines. Longtemps acceptée par les élites africaines en échange de stabilité ou de pouvoir, cette relation est désormais massivement rejetée par les opinions publiques qui y voient la racine du sous-développement et de la perte de souveraineté.


Conclusion : le passé ne rachète pas l’avenir

L’échange entre Robert Bourgi et Kemi Seba illustre le tournant radical du panafricanisme moderne : autonome, intransigeant, et déterminé à rompre avec les symboles du passé. Même les gestes de réconciliation, s’ils ne s’accompagnent pas d’actes profonds, sont perçus comme suspects ou inutiles.

Le message de Kemi Seba est clair : l’Afrique nouvelle ne quémandera ni soutien, ni validation. Elle avancera seule, portée par la confiance en elle-même, et débarrassée de ceux qui ont contribué à son assujettissement.

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