Nathalie Yamb aurait été nommée ministre d’État par le président Ibrahim Elle S’exprime.
Quelques jours après son arrivée au Burkina Faso, une rumeur nommant Nathalie Yamb ministre d’État a enflammé les réseaux sociaux. Dans cet entretien exclusif, l’activiste panafricaniste démonte cette fake news, partage son regard sur l’Alliance des États du Sahel (AES), salue les avancées vers la fédération et appelle à l’unité africaine. Un discours sans filtre, empreint de lucidité et de détermination, face aux enjeux géopolitiques et économiques du continent.

Quelques jours seulement après son arrivée au Burkina Faso, une rumeur virale a circulé sur les réseaux sociaux : Nathalie Yamb aurait été nommée ministre d’État par le président Ibrahim Traoré. Face à cette fake news, la militante panafricaine a réagi avec calme, lucidité et humour.
« J’ai d’abord rigolé. C’était évident que c’était faux, mais j’ai commencé à recevoir des félicitations… même de personnes disparues de ma vie depuis des années ! », raconte-t-elle.
Plus qu’une anecdote, Nathalie Yamb dénonce une stratégie de désinformation organisée : détourner l’attention des peuples de l’essentiel – notamment de la cérémonie d’inauguration du mausolée de Thomas Sankara et des efforts de sécurisation du territoire.
Une Confédération jeune, mais déjà solide
Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) le 16 septembre 2023 et sa transformation en Confédération le 6 juillet 2024, de nombreux observateurs suivent avec attention cette dynamique inédite.
Un an après, Nathalie Yamb exprime son admiration pour les progrès réalisés :
« Réunir trois États en une Confédération, ce n’est pas rien. L’AES a son drapeau, son hymne, des actions diplomatiques communes, une armée intégrée… et même une harmonisation fiscale en cours. »
Monnaie unique africaine : prudence stratégique, mais volonté claire
La question de la création d’une monnaie commune pour l’AES est au cœur des débats. Si certains peuples souhaitent aller vite, Yamb appelle à la prudence stratégique sans pour autant freiner l’élan :
« Ce n’est pas juste trouver un imprimeur et lancer la monnaie. Il faut créer un contexte économique, sécuritaire, diplomatique et politique solide pour éviter l’échec. Mais cela ne veut pas dire que cela prendra 5 ans. »
Elle précise que l’objectif ultime est de lancer la monnaie dans le cadre d’un État fédéral — une Fédération qui est déjà en route.
L’AES, socle d’une Afrique souveraine et unie
Interrogée sur l’avenir de l’AES, Nathalie Yamb n’hésite pas :
« L’AES est le socle du décollage africain vers l’autodétermination. C’est le point de départ de la vraie intégration des peuples africains, pas seulement des États. »
Elle critique les anciennes structures régionales dessinées par l’Occident et affirme que l’unité africaine ne doit pas seulement être géographique, mais aussi idéologique et spirituelle :
« Tous ceux qui défendent la dignité africaine sont déjà dans l’esprit AES, même s’ils sont hors de l’espace géographique. »
Union Africaine, CEDEAO et autres blocs : obstacles ou partenaires ?
Beaucoup se demandent si l’existence de blocs comme la CEDEAO, le CEMAC, ou encore l’Union Africaine ne va pas freiner la dynamique AES.
Nathalie Yamb relativise :
« L’AES va coexister avec ces blocs. Elle va bâtir des relations multilatérales, avancer étape par étape, sans tout effacer du jour au lendemain. L’important, c’est la vision. »
Elle rappelle que les États-Unis, avec 50 États, sont un exemple que l’unité dans la diversité est possible.
Le peuple de l’AES est déjà en marche
Nathalie Yamb insiste : le peuple de l’AES existe déjà. Il se reconnaît dans les mêmes valeurs : résilience, dignité, volonté d’aller de l’avant.
« Partout où je vais en Afrique, on me demande : Comment devenir citoyen de l’AES ? C’est révélateur. »
Elle appelle donc à la mobilisation collective :
« Ce que nous faisons ici donnera du courage aux autres peuples africains. Cela mettra la pression sur leurs dirigeants. »
Un message clair à l’ONU : pas de leçons de démocratie à géométrie variable
Dans une déclaration récente, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, l’Autrichien Volker Türk, a demandé au Mali d’abroger le décret dissolvant les partis politiques et d’organiser rapidement des élections.
La réponse de Nathalie Yamb est cinglante :
« Qu’il aille d’abord demander à Zelensky de faire des élections en Ukraine, ou à l’Arabie Saoudite de créer des partis politiques. Ensuite, il pourra venir nous parler. »
Conclusion : une révolution en marche
L’AES n’est pas une illusion ou une révolte passagère, mais le début d’un mouvement de fond pour une Afrique souveraine, unie et libre. À travers la voix de Nathalie Yamb, c’est tout un continent qui se réveille et qui appelle à la fin de la soumission post-coloniale.
