Nathalie Yamb: « Quand on s’engage dans ce combat, on sait quel est le prix à payer »
Dans ce discours sans détour, Nathalie Yamb expose les fondements du combat panafricain pour la souveraineté, l’unité et la dignité de l’Afrique. Soutien aux leaders de la résistance, dénonciation des manipulations occidentales, appel à l’éveil culturel : un message fort pour un continent en marche.

Gloire au peuple ! Unité au peuple ! Pouvoir à la révolution ! Vive l’Afrique unie et prospère ! Vive la révolution !
Quand on s’engage dans ce combat, on sait à quoi s’attendre. On sait quel est le prix à payer. Les Sankara, Lumumba… tous nous ont montré quel est le mode opératoire de ceux qui nous font face. Mais mes rêves pour l’Afrique sont bien plus grands que mes peurs.
Un combat panafricain à dimension collective
Nous ne pouvons réaliser nos aspirations que si nous sommes unis. Le combat mené aujourd’hui au Burkina Faso n’aurait pas pu prendre une telle ampleur sans la force que lui donnent le Mali et le Niger. Ces trois pays forment un triptyque solide, un trépied stratégique. Mais il faut que d’autres nations rejoignent ce combat pour l’élargir. C’est à ce moment-là que l’Afrique prendra toute sa place dans la marche du monde, à la table des négociations d’un nouvel ordre mondial.
Une longue marche, une foi inébranlable
Je suis dans ce combat depuis plus de 25 ans. Ce que je prêchais à l’époque est en train de se réaliser grâce au président Ibrahim Traoré, au président Abdourahamane Tiani et au président Assimi Goïta. C’est une fierté et une reconnaissance. Nous avons travaillé à l’éveil des consciences. Mais éveiller ne suffit pas : il faut agir, et seuls ceux qui sont à la tête de nos États peuvent concrétiser les rêves et aspirations du peuple.
Avoir des patriotes au pouvoir aujourd’hui est une bénédiction. Leur échec serait un drame, nous ramènerait des siècles en arrière. Il nous faudrait peut-être 400 ans pour en revenir. C’est pourquoi nous devons les soutenir coûte que coûte. Leur combat est notre destinée commune, pour nous, pour nos enfants.
« Éliminer Nathalie Yamb n’arrêtera pas la marche du train de l’émancipation »
Il est vrai que je suis aujourd’hui l’ennemie déclarée de plusieurs chancelleries occidentales et de certaines capitales africaines. En France, par exemple, je n’ai plus le droit de séjour. Mais je n’ai pas peur. Comme je le disais : quand on s’engage dans ce combat, on en accepte les risques.
Je prends naturellement des précautions de sécurité. Mais ma meilleure protection, c’est l’ampleur du combat que nous menons. Si ceux d’en face ne sont pas trop limités intellectuellement, ils finiront par comprendre qu’éliminer Nathalie Yamb est aussi vain qu’avoir éliminé Thomas Sankara.
Sankara est plus présent que jamais. Le capitaine Traoré est là, plus déterminé que jamais. Le peuple burkinabè est plus engagé que jamais. Les Africains sont plus conscients que jamais. Même au niveau mondial, les peuples reconnaissent la justesse du combat mené par le Burkina Faso et ses alliés.
Le rejet de la France, la blessure des interdits africains
L’interdiction d’aller en France ? Ça ne me fait ni chaud ni froid. Je n’y allais jamais. C’est comme interdire à un imam d’aller au Vatican : ça n’a aucun sens.
En revanche, ce qui me touche davantage, c’est quand des pays africains m’interdisent d’aller chez eux. Je me sens chez moi partout en Afrique. Quand le Ghana d’Akufo-Addo m’a subitement interdit d’entrée, alors que j’y ai vécu des années, ça m’a fait plus de peine. Mais lui est passé. Je suis restée. Aujourd’hui, le Ghana m’est à nouveau ouvert.
Une énergie nourrie par le peuple
Mon énergie, je la puise dans le soutien populaire. Ce soutien est notre carburant. Mais plus encore, je suis convaincue que notre combat est juste et nécessaire. Les Africains sont des êtres humains comme les autres. Il n’y a aucune raison que des pays, partis du même niveau que nous dans les années 1960 — comme certains pays arabes — soient aujourd’hui dans l’opulence, pendant que nous vivons dans la précarité.
Et pourtant, dans bien des cas, nos conditions de départ étaient meilleures que les leurs. Nous devons prendre conscience que nos ennemis ne sont pas seulement extérieurs. Nous avons aussi des ennemis internes. Il faut combattre sur ces deux fronts pour espérer un avenir digne et confortable.
L’apport essentiel de la culture dans la lutte
La culture est un pilier essentiel de notre lutte d’émancipation. Il faut connaître nos racines pour pouvoir avancer. L’assaut mené contre l’Afrique n’a pas été seulement économique ou politique : il a aussi été culturel.
On nous a donné des prêts, des financements, à condition d’adopter des pratiques qui ne sont pas les nôtres. Mais ceux qui s’envolent le plus haut sont ceux qui ont des racines profondes.
Il faut revoir nos programmes scolaires, mais aussi que les parents et la société jouent leur rôle. L’école instruit, mais la société éduque. La transmission culturelle est cruciale.
Panafricanisme et africanité : ne pas confondre
Le panafricanisme ne se résume pas à l’apparence. On entend parfois : « Tu portes un costume-cravate, tu n’es pas panafricain. » Mais le panafricanisme, ce n’est pas le vêtement. Le panafricanisme, c’est l’unité africaine. L’africanité, c’est le style vestimentaire, la langue, les traditions.
C’est pourquoi le rapatriement de nos biens culturels volés est si important. Beaucoup de ces artefacts qu’on expose dans des musées ou des collections privées ne sont pas de simples objets d’art : ce sont des objets culturels et cultuels, avec un rôle social fondamental.
La souveraineté culturelle est un maillon essentiel de notre souveraineté globale.
