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Ellie Kamano : « Je me désolidarise de toute trahison envers les idéaux panafricains »

Dans un contexte politique africain en pleine mutation, Ellie Kamano, artiste engagé et figure de la société civile guinéenne, revient sur son soutien initial au régime de transition en Guinée, avant de s’en éloigner. Fidèle à l’héritage panafricain de Sékou Touré et de Thomas Sankara, il explique les raisons de sa rupture, dénonce les dérives actuelles, et réaffirme son attachement à une Afrique souveraine, unie et libre.

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L’artiste engagé et figure de la société civile guinéenne s’exprime sur son parcours, ses engagements, et les trahisons politiques qu’il dénonce avec force.

Un soutien déçu d’un régime qu’il avait accompagné

Ellie Kamano ne mâche pas ses mots. Celui qui avait été l’un des tout premiers soutiens du régime de transition en Guinée revient avec lucidité sur ce qui l’a poussé à prendre ses distances :

« J’étais là au départ, en tant que gardien du temple, pour conseiller dans l’ombre le président. Mais au fur et à mesure que nous avancions, j’ai compris que les intentions qui les animaient n’étaient plus les mêmes. Les engagements ont été trahis. »

C’est avec amertume mais aussi avec clarté que l’artiste dénonce ce qu’il qualifie de « parjure ». Un mot fort pour dire son rejet de ce qu’il considère comme une trahison des idéaux de souveraineté, d’intégrité et de panafricanisme qu’il défend depuis des années.


L’ombre des géants panafricains

Pour Ellie Kamano, tout part d’un héritage politique assumé : celui de Sékou Touré.

« Quand on parle de Guinée, on pense à Ahmed Sékou Touré. C’est lui qui a dit non à la France, qui a clamé haut sa fierté d’être noir, et qui a défendu la souveraineté sans compromis. »

Il cite aussi Thomas Sankara, Modibo Keïta, Sylvanus Olympio ou encore Patrice Lumumba. À ses yeux, l’Alliance des États du Sahel (AES), avec les présidents Traoré, Tiani et Goïta, est aujourd’hui l’incarnation moderne de cette lignée de dirigeants panafricanistes.


« Le jour où l’AES trahit, je me retirerai »

Kamano affirme soutenir l’AES non pas pour des raisons de personnes, mais d’idéologie :

« Je suis avec le président Traoré, le président Tiani et le président Goïta parce qu’ils sont encore en adéquation avec la dynamique souverainiste que je défends. Mais le jour où ils s’en éloignent, je m’en éloignerai. »

Cette déclaration résonne comme un avertissement : son soutien n’est pas inconditionnel. Il dépend de la fidélité aux valeurs de liberté, de dignité et de construction d’une Afrique indépendante et unie.


Dérives et entourages toxiques

Interrogé sur les raisons qui poussent certains dirigeants à trahir leurs engagements, Kamano pointe du doigt deux facteurs principaux : la faiblesse du patriotisme et les entourages corrompus :

« Beaucoup arrivent au pouvoir avec des promesses, mais finissent par trahir à cause des intérêts personnels, ou de l’entourage toxique qui les entoure. »

Il décrit un système où, dès qu’un individu est nommé à un poste de responsabilité, il considère cela comme une occasion de s’enrichir dans l’impunité.

« Le président finit entouré de personnes qu’on ne peut pas toucher, même si elles détournent des fonds. Et quand il ne sévit pas, il devient complice. »


Une Afrique debout, une révolution longue

Kamano évoque également sa vision de la révolution panafricaine :

« Chaque révolution prend du temps. Nous ne sommes pas dans un sprint, mais dans un marathon. Ce que fait aujourd’hui l’AES, c’est la continuité de ce que Sékou Touré, Sankara et les autres ont commencé. »


Fidélité aux peuples, pas aux régimes

Ellie Kamano reste un repère moral et politique pour de nombreux jeunes Africains. Son parcours montre qu’il est possible de s’engager, de soutenir, mais aussi de se retirer lorsque les principes fondamentaux sont bafoués. Sa boussole est claire : la souveraineté de l’Afrique, la dignité de ses peuples, et l’unité du continent.

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