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Ali Bongo à Paris : le prince déchu de la Françafrique veut rejouer la carte de la victime

De roi du pétrole à plaignant à Paris, Ali Bongo tente de rejouer la comédie de la victime après avoir été évincé par… son propre cousin ! Le prince déchu de la Françafrique, renversé en douce lors d’une révolution de palais en 2023, accuse désormais ses anciens compagnons d’ »enlèvement », « tortures » et « séquestration ». Mais derrière cette plainte spectaculaire déposée à Paris, se cache une guerre de famille, de pouvoir et d’ego. Enquête sur un règlement de comptes entre héritiers d’un système en décomposition.

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L’image est presque irréelle. Ali Bongo Ondimba, ancien monarque républicain du Gabon et digne héritier de la Françafrique, défile au tribunal judiciaire de Paris pour se plaindre de « tortures » et de « séquestration ». Celui-là même qui a régné plus d’une décennie sans partage sur un État-pétrole, coiffant les institutions, les budgets et même les urnes. Aujourd’hui, il joue les victimes d’un « enlèvement en bande organisée ». Ironique, non

Le roi est nu… et déposé par son cousin

Car au fond, ce que Bongo appelle « coup d’État », c’est ce que les initiés nomment une révolution de palais. En août 2023, ce n’est pas un mouvement populaire qui l’a renversé, ni une vague citoyenne de contestation : c’est son propre cousin, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui l’a sorti du trône comme on écarte un roi malade trop encombrant. Un petit arrangement entre militaires et oligarques familiaux. Le trône reste dans le sang, mais le roi change.

Le Gabon n’a donc pas tant rompu avec la dynastie Bongo qu’elle a changé de branche. La rupture ? Pure illusion. Et dans ce théâtre françafricain, Ali, affaibli par son AVC de 2018, n’était plus que l’ombre de lui-même, piloté en coulisses par sa femme Sylvia et son fils Noureddin. Même les courtisans en avaient assez.

Et maintenant ? Il se plaint à Paris…

Mais voici notre « prince déchu » réapparaissant sur la scène… à Paris, évidemment ! Où ailleurs ? La capitale des anciens maîtres de l’empire postcolonial reste toujours le dernier refuge des grands clients de la Françafrique en disgrâce. C’est donc là qu’Ali Bongo, flanqué de son épouse, de ses fils et de toute une cohorte d’avocats, dépose plainte pour « torture », « séquestration », « électrocution », « privation de nourriture » et même « simulation de noyade ». Rien que ça.

On croirait presque lire le témoignage d’un opposant politique emprisonné en dictature. Sauf qu’il ne s’agit pas d’un Kemi Seba ou d’un Marc Ona Essangui, mais bien d’Ali Bongo Ondimba, président à vie auto-proclamé, fils du grand Omar, élevé dans le velours élyséen de Jacques Chirac et de feu la cellule africaine.

La Françafrique, c’est bon quand ça arrange

Que la justice française accepte d’instruire cette plainte, pourquoi pas. Mais voir Ali Bongo – dont la gouvernance est associée à des affaires de corruption massive, de répression, et à une oligarchie familiale surprotégée – tenter de se repositionner comme une victime du système qu’il a lui-même servi… relève de la farce.

C’est un peu comme si un pompier pyromane venait se plaindre de la chaleur.

Ali et ses avocats menacent désormais d’envoyer des mandats d’arrêt internationaux contre des responsables gabonais. Lui qui, jusqu’en 2023, s’opposait à toute coopération judiciaire avec la France dans l’affaire des biens mal acquis. Ah, la mémoire sélective…

Un jeu de dupes ? Plutôt une lutte de clans

Soyons clairs : ce n’est pas la démocratie qui a débarqué au Gabon en août 2023. C’est juste un clan qui en a évincé un autre. Ali a été « éloigné » par les siens pour cause de perte d’utilité politique. Oligui n’est pas un révolutionnaire. Il est un gardien du temple, un garant de la continuité postcoloniale – mais en version remaquillée.

Alors quand Ali vient pleurnicher devant des juges français, c’est moins la justice qu’il cherche, que la restauration de son honneur de souverain déchu. Il ne supporte pas d’avoir été trahi par sa propre famille. Pas par le peuple, non. Par le clan. Le vrai crime, dans sa tête, c’est d’avoir été chassé sans panache.

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