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Quand Donald Trump convoque l’Afrique : une opération d’influence américaine maquillée en sommet diplomatique

Derrière les sourires diplomatiques et les poignées de main officielles, que cache réellement le sommet entre Donald Trump et cinq chefs d’État africains prévu à Washington du 9 au 11 juillet ? Sous couvert de coopération économique et sécuritaire, les États-Unis reviennent en force sur le continent, avec une stratégie bien rodée d’influence et de domination. Décryptage d’un sommet où l’Afrique risque, une fois de plus, de n’être qu’un pion sur l’échiquier des grandes puissances.

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Sénégal, Gabon, Guinée-Bissau, Libéria, Mauritanie… Donald Trump va recevoir les dirigeants de cinq pays africains à la Maison Blanche à Washington.

Une rencontre “amicale” sous haute tension géopolitique

L’annonce a pu surprendre : Donald Trump, président américain en exercice, recevra cinq dirigeants africains à Washington. À première vue, ce sommet bilatéral ressemble à une main tendue. Mais à y regarder de plus près, il s’agit davantage d’un coup diplomatique que d’une réelle volonté d’émancipation africaine. Pourquoi cette attention soudaine pour le continent ? Pourquoi maintenant ?

La réponse est simple : l’Afrique est redevenue un terrain de bataille entre puissances. Et Washington, longtemps distrait, entend bien rattraper son retard face à Pékin et Moscou.


Les vraies raisons de cette offensive américaine

1. Freiner l’influence de la Chine et de la Russie

Depuis une décennie, la Chine s’impose comme le premier investisseur en Afrique. Routes, barrages, zones économiques spéciales : elle construit, prête, influence. La Russie, quant à elle, avance ses pions dans le domaine sécuritaire, notamment à travers des partenariats militaires avec des régimes en rupture avec l’Occident.

Face à cela, les États-Unis se réveillent brutalement, usant de la carte Trump pour imposer une nouvelle offre : une “alternative démocratique”, présentée comme un partenariat gagnant-gagnant, mais qui sent fort le néocolonialisme relooké.

2. Sécuriser des intérêts économiques clés

Sous couvert d’investissements, Washington souhaite surtout s’assurer l’accès aux matières premières critiques : uranium, cobalt, lithium, or. Dans un contexte de transition énergétique mondiale, le contrôle de ces ressources devient vital. Ce sommet est donc une plateforme de négociation d’accès préférentiel, voire d’exclusivité pour les entreprises américaines.


L’Afrique comme décor, pas comme actrice

Ce sommet, malgré son vernis diplomatique, s’inscrit dans une logique de domination douce, où les États africains sont sommés de choisir leur camp dans une guerre froide moderne. Et une fois de plus, l’Afrique ne fixe pas l’agenda. Elle y répond.

Trump ne convie pas les chefs d’État pour écouter leurs visions. Il les convoque pour leur proposer un “deal”. Et comme toujours avec Trump, le deal est à sens unique : “America First” reste la règle, et le continent africain n’est là que pour servir d’extension de cette vision.


Le piège du partenariat asymétrique

Si certains pays africains espèrent tirer profit de cette ouverture, le risque est grand d’entrer dans un partenariat asymétrique, où les intérêts américains priment sur les besoins réels des populations africaines. La souveraineté économique, la protection des industries locales, et la liberté politique risquent d’être sacrifiées au nom de la “sécurité régionale” ou de la “croissance partagée”.


L’Afrique doit parler d’une seule voix

Ce sommet Washington–Afrique pourrait bien être une nouvelle manœuvre de recolonisation économique sous des habits neufs. Si l’Afrique ne veut pas redevenir le jouet des puissances, elle doit refuser les agendas imposés. Il est temps que les États africains posent leurs propres conditions, qu’ils définissent leurs priorités sans influence extérieure, et qu’ils bâtissent une coopération Sud–Sud basée sur la solidarité, et non sur l’allégeance.

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