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Mali : la chute brutale de Choguel Maïga, de Premier ministre influent à prévenu sous enquête

L’ancien Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, autrefois figure centrale de l’administration Goïta et ardent défenseur de la souveraineté nationale, a été placé en garde à vue dans une affaire de malversations présumées. Une descente aux enfers politique qui illustre la fin brutale d’une carrière marquée par des ambitions fortes et des inimitiés puissantes.

Mali la chute brutale de Choguel Maïga, de Premier ministre influent à prévenu sous enquête

L’image de Choguel Kokalla Maïga, longtemps perçu comme l’un des hommes forts de la transition malienne, est aujourd’hui sérieusement écornée. L’ancien Premier ministre a été placé en garde à vue, mardi 12 août 2025, dans le cadre d’une enquête pour malversations financières présumées, marquant un tournant dans la trajectoire politique d’un dirigeant qui avait bâti sa réputation sur un discours intransigeant contre la corruption et la mauvaise gouvernance.

Du sommet de la transition à la tourmente judiciaire

Arrivé à la tête du gouvernement en juin 2021, Maïga avait su imposer son style : un mélange de verbe tranchant, de nationalisme revendiqué et de proximité avec une partie de l’opinion publique malienne. Mais depuis son éviction en novembre 2024, sur fond de tensions avec les autorités militaires concernant la prolongation de la transition, l’homme voyait déjà son étoile pâlir. Sa convocation, puis sa garde à vue par la brigade du Pôle national économique et financier, scellent désormais une disgrâce que peu auraient imaginée il y a encore deux ans.

Un dossier explosif

L’affaire repose sur un rapport du Bureau du Vérificateur général (BVG) pointant de graves irrégularités dans la gestion du Fonds d’accès universel (AGEFAU) et des finances de la Primature. Les accusations évoquent des frais de mission faramineux, comme 15 millions de FCFA dépensés pour une cérémonie d’une journée à Konobougou, là où la réglementation fixe un plafond de 75 000 FCFA par jour. D’autres griefs portent sur des contrats attribués sans procédure transparente et des dépenses jugées injustifiées.

En tant que président du conseil d’administration de l’AGEFAU et chef du gouvernement, Choguel Maïga se trouve directement au cœur des soupçons. Son ancien directeur de cabinet, Issiaka Ahmadou Singaré, et plusieurs ex-responsables administratifs et financiers de la Primature sont également en garde à vue.

Une disgrâce aux allures de règlement de comptes ?

Si ses avocats insistent sur sa présomption d’innocence et sur le respect dont il bénéficie en détention, la mise en cause de Choguel Maïga soulève des questions politiques. Ses critiques publiques contre les militaires au pouvoir, peu avant son limogeage, avaient marqué un tournant dans. Certains observateurs y voient la preuve que l’affaire pourrait dépasser le seul cadre judiciaire pour devenir un épisode clé du rapport de force interne à la transition.

De figure populaire à symbole de fragilité politique

L’ancien Premier ministre, qui incarnait pour beaucoup la voix civile de la transition, se retrouve désormais affaibli, son image brouillée par les soupçons. Quelles que soient les conclusions de l’enquête, son placement en garde à vue marque une rupture : celle d’un homme passé en un temps record du rang de chef du gouvernement à celui de suspect dans une affaire de détournement présumé.

La suite de cette procédure dira si Choguel Maïga peut espérer un retour politique ou si cet épisode signe définitivement la fin de son influence sur la scène malienne.

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