AES, panafricanisme :Pulchérie Gbalet se lève pour transformer l’Afrique
Face à la montée du panafricanisme dans la sous-région, des voix de la société civile s’élèvent pour réclamer une gouvernance plus juste et centrée sur les peuples. Lors d’une conférence organisée à Abidjan sur le franc CFA et la souveraineté africaine, la militante ivoirienne Pulchérie Gbalet a livré une intervention marquante, liant idéologie panafricaniste et exigence de transformation concrète des systèmes de pouvoir en Afrique.

Abidjan, Côte d’Ivoire – La montée de l’Alliance des États du Sahel (AES) marque l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants africains portés par une vision panafricaniste forte et concrète. Lors d’une récente conférence organisée par l’ONG Urgence Panafricaniste de Kemi Seba à Abidjan, plusieurs figures de la société civile ont pris la parole pour souligner l’importance d’un engagement collectif pour la souveraineté du continent. Parmi elles, Pluchérie Gbalet, militante ivoirienne et présidente de l’organisation Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI), a livré une intervention percutante sur le lien entre bonne gouvernance et panafricanisme.

Une conférence engagée autour du franc CFA et de la souveraineté africaine
L’événement, qui s’est tenu le 3 mai dernier à Abidjan, a réuni de nombreuses voix issues de la sous-région. Objectif : débattre des enjeux du franc CFA, de la lutte panafricaniste et du rôle de la société civile. Pluchérie Gbalet, connue pour son intégrité et son engagement, y a pris la parole pour rappeler que « le panafricanisme n’est pas une mode, mais une lutte historique et nécessaire ».
Elle a salué l’organisation de l’ONG Urgence Panafricaniste, et exprimé son admiration pour les jeunes militants qui prennent aujourd’hui le relais.

Panafricanisme et panafricains : une distinction nécessaire
Une des interrogations centrales soulevées lors de la conférence portait sur la différence entre les termes « panafricain » et « panafricaniste ». Pour Pluchérie Gbalet, la distinction est claire :
« Panafricain désigne un cadre géopolitique de coopération entre pays africains, à l’image de l’Union africaine. Le panafricanisme, lui, est une idéologie. Il vise à transformer les mentalités, les relations internationales, et à restituer au peuple noir sa dignité et sa vraie histoire. »
Le panafricanisme n’est donc pas seulement une question d’identité, mais un mouvement politique et social, porteur d’un changement radical dans la manière dont l’Afrique se gouverne.
L’AES : une rupture avec l’ancien ordre
L’Alliance des États du Sahel (AES), formée récemment par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, incarne cette volonté de rupture. Pluchérie Gbalet y voit l’émergence de dirigeants déterminés à briser les anciennes dépendances :
« Avant l’AES, beaucoup disaient que sortir du franc CFA ou de la tutelle occidentale était une utopie. Aujourd’hui, nous sommes témoins que c’est possible. »
Elle invite les jeunes Africains à s’interroger : « Quelle est notre place dans cette transformation ? »

Gouvernance : un mot galvaudé ?
La militante dénonce un usage biaisé du terme bonne gouvernance :
« Ce mot, forgé par l’Occident, est souvent vidé de sens chez nous. Les principes existent mais ne sont pas respectés. On parle de démocratie, mais sur le terrain, c’est l’arbitraire qui règne. »
Elle cite des cas concrets, notamment en Côte d’Ivoire, où des politiques publiques sont appliquées sans réelle planification ni souci du bien-être des citoyens. Le démantèlement des logements populaires sans mesures d’accompagnement, les salaires dérisoires dans la sécurité privée, et l’absence de couverture sociale sont autant de symptômes d’un système défaillant.
L’urgence d’un leadership panafricaniste
Selon elle, la transformation du continent passe par l’émergence de dirigeants convaincus par le panafricanisme, et non des technocrates à la solde d’intérêts extérieurs. « Le développement ne se mesure pas aux échangeurs ou aux tours en verre. Il se mesure à la qualité de vie des citoyens. »
Elle rappelle que la Côte d’Ivoire a connu une tentative de décentralisation avec les présidents Bédié et Gbagbo, vite abandonnée par les régimes suivants au profit d’un urbanisme de façade, sans véritable projet national inclusif.
S’engager chacun à son niveau
Enfin,Pluchérie Gbalet invite chacun à se sentir concerné par la lutte :
« On ne peut pas tous être leaders, mais chacun peut soutenir un leader. On peut tous faire quelque chose, à notre niveau. Mais pour agir efficacement, il faut d’abord s’informer, se former, comprendre. »
Elle encourage vivement la participation à des conférences, à des débats, à des espaces de formation politique pour bâtir une conscience collective panafricaine.
Conclusion :
Le combat panafricaniste, s’il veut réussir, doit s’accompagner d’une exigence forte de bonne gouvernance. Il ne s’agit pas seulement de rompre avec l’Occident, mais de réinventer nos systèmes politiques, économiques et sociaux pour qu’ils servent réellement les peuples africains. Et pour cela, l’engagement de la société civile est plus que jamais nécessaire.
Vive le panafricanisme ! Vive la révolution !