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Burkina Faso, Nathalie Yamb :  »Ibrahim Traoré est une icône en devenir  »

À la veille de l’inauguration du mausolée Thomas Sankara à Ouagadougou, la militante panafricaniste Nathalie Yamb a salué l’ascension du Capitaine Ibrahim Traoré, qu’elle considère comme une figure montante de la souveraineté africaine, comparable au père de la révolution burkinabè. Un hommage fort, chargé de sens dans un contexte de réaffirmation identitaire au Sahel.

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Ouagadougou, 16 mai 2025 – Le Burkina Faso s’apprête à vivre un moment historique avec l’inauguration officielle, ce samedi, du mausolée dédié à Thomas Sankara, père de la révolution burkinabè. En marge de cette cérémonie, la militante panafricaniste Nathalie Yamb a tenu à saluer la trajectoire du président de la transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, qu’elle compare déjà à l’illustre disparu.

« Thomas Sankara n’appartient plus au Faso, il appartient au monde, et le Capitaine Traoré est en train d’appartenir au monde », a-t-elle affirmé devant un auditoire rassemblé à Ouagadougou pour assister à la restitution des archives de Sankara par le professeur Jean Hubert Bazié. Une déclaration forte, qui ancre davantage le jeune dirigeant burkinabè dans une filiation historique et politique revendiquée.

Une flamme ravivée, un héritage à assumer

Engagée depuis de nombreuses années dans la lutte pour la souveraineté africaine, Nathalie Yamb n’a pas caché son enthousiasme devant ce qu’elle considère comme une « concrétisation » de son combat. Pour elle, la jeune génération au pouvoir dans l’Alliance des États du Sahel (AES) – Burkina Faso, Mali, Niger – incarne une volonté nouvelle, en phase avec les idéaux de justice, de dignité et d’indépendance que portait Thomas Sankara.

« C’est très encourageant de voir que, dans la jeune génération, il y a des gens qui ont compris ce que nos devanciers avaient commencé et qu’ils n’ont pas pu terminer, parce qu’on les en a empêchés », a-t-elle insisté. Une manière de rappeler les tragédies politiques qui ont interrompu brutalement les dynamiques révolutionnaires des années 1980, souvent sous l’effet de pressions extérieures et de trahisons internes.

« On ne peut que construire nos pays »

En saluant « le Capitaine Ibrahim Traoré et tous les autres, notamment ses homologues de l’AES, qui font notre fierté », Nathalie Yamb ancre son discours dans une vision résolument panafricaine et solidaire. À ses yeux, même ceux qui restent sceptiques face aux méthodes ou aux discours des nouvelles autorités sahéliennes ne doivent pas se ranger du côté de leurs adversaires : « Au moins, n’allez pas vous aligner avec les adversaires pour venir combattre ce qu’ils font », a-t-elle lancé.

Cet appel à l’unité et à la lucidité politique résonne dans un contexte régional marqué par une rupture assumée avec les anciens partenaires occidentaux, notamment la France, et une volonté affichée de redéfinir les alliances stratégiques et les politiques de développement.

Entre mythe et espérance

Comparer Ibrahim Traoré à Thomas Sankara n’est pas un geste anodin. Cela suppose une attente, une exigence même. Car Sankara, assassiné en 1987, reste une figure intouchable de l’intégrité, du courage et du patriotisme africain. En érigeant aujourd’hui son mausolée, c’est autant la mémoire que l’espérance que les Burkinabè célèbrent.

Et dans cette dynamique, Ibrahim Traoré semble prendre de plus en plus la posture d’un héritier. Encore jeune, encore en transition, son destin reste à écrire. Mais pour Nathalie Yamb, l’essentiel est déjà enclenché : « Nous sommes en train d’acquérir notre souveraineté, mais il faut s’assurer que dans 30 ans, nous ne soyons pas à nouveau en train de dire que nous avions cru que nous allions réussir. »

Un avertissement plein de lucidité, adressé non seulement aux dirigeants actuels, mais à l’ensemble des peuples africains. L’histoire, on le sait, est une affaire de vigilance autant que de volonté.

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