Cameroun : Paul Biya réélu pour un huitième mandat — Selon Jeune Afrique, il aurait proposé à Issa Tchiroma Bakary le poste de Premier ministre
Alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs de la présidentielle camerounaise d’ici le 26 octobre, le pays est sous tension. Paul Biya, 92 ans, a été déclaré vainqueur avec 53,66 % des voix, mais son rival Issa Tchiroma Bakary conteste vigoureusement le scrutin et revendique la victoire. Selon Jeune Afrique, le président sortant aurait proposé à Tchiroma le poste de Premier ministre, Cette offre n’a pas encore été confirmée publiquement par Issa Tchiroma Bakary

Alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs de la présidentielle au plus tard le 26 octobre, les tensions montent entre les camps Biya et Tchiroma. Selon des révélations de Jeune Afrique, le président sortant aurait proposé à son rival de devenir Premier ministre.
Le climat politique camerounais reste électrique après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 octobre.
La Commission électorale nationale indépendante (ELECAM) a annoncé la victoire du président sortant Paul Biya, 92 ans, avec 53,66 % des suffrages, devant Issa Tchiroma Bakary, crédité d’environ 35 à 36 %.
Mais cette victoire est contestée. Issa Tchiroma, ancien ministre de la Communication, s’est autoproclamé vainqueur avec 60 % des voix, affirmant détenir des preuves irréfutables de fraudes massives.
Des procès-verbaux accablants pour le pouvoir
Le candidat de l’opposition a rendu publics les procès-verbaux originaux de 18 départements, représentant selon lui près de 80 % de l’électorat national.
Ces documents, diffusés sur les réseaux sociaux, lui attribuent de larges majorités, notamment 78,3 % des voix dans le Wouri contre 12,4 % pour Biya, et plus de 61 % dans le Moungo, contre 32 % pour le président sortant.
Tchiroma dénonce de nombreuses irrégularités, parmi lesquelles :
- la falsification de bulletins de vote,
- la modification de pages dans les procès-verbaux,
- des divergences de chiffres entre les bureaux de vote et l’administration électorale,
- et même des taux de participation supérieurs à 100 %.
Pour lui, ces anomalies traduisent une manipulation systématique du scrutin.
Des recours déposés et un appel à la communauté internationale
Face à ces irrégularités présumées, Issa Tchiroma a saisi le Conseil constitutionnel et les commissions électorales départementales pour suspendre toute proclamation fondée sur des documents falsifiés.
Il a aussi interpellé la communauté internationale — Union africaine, Union européenne, Nations unies, France, États-Unis et pays voisins — afin de documenter et dénoncer les manipulations électorales.
Dans un message adressé à Paul Biya, il l’a exhorté à « sortir par la grande porte de l’histoire » en reconnaissant, selon lui, la victoire du peuple camerounais.
Révélations : selon Jeune Afrique, Biya aurait proposé le poste de Premier ministre à Tchiroma
Alors que le Conseil constitutionnel doit publier les résultats définitifs d’ici le 26 octobre, le magazine panafricain Jeune Afrique révèle que Paul Biya aurait tendu la main à Issa Tchiroma Bakary.
Selon les informations du journal, le président sortant aurait proposé à son adversaire le poste de Premier ministre, dans le but de préserver la stabilité politique et d’éviter une crise post-électorale.
Cette offre, qui n’a pas encore été confirmée publiquement par les intéressés, serait un signal d’ouverture dans un contexte de forte polarisation.
Cependant, dans l’entourage de Tchiroma, certains rejettent l’idée d’un compromis politique :
« Ce n’est pas une question de postes, c’est une question de vérité des urnes », affirme un proche du candidat.
Si cette proposition se confirmait, elle pourrait marquer un tournant dans la stratégie de Paul Biya, qui chercherait à maintenir un équilibre entre continuité du pouvoir et apaisement des tensions internes.
Le gouvernement dénonce une “farce politique” et l’Église appelle au calme
Le gouvernement camerounais, par la voix du ministère de l’Administration territoriale, a qualifié les démarches de Tchiroma de « comportement irresponsable » et de « farce politique », accusant l’opposition de vouloir semer le chaos.
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti présidentiel, a appelé ses militants à rester calmes et à faire confiance aux institutions.
De son côté, la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) a exhorté les deux camps à la retenue, soulignant que « le résultat officiel doit refléter la volonté des électeurs » et que toute manipulation serait un danger pour la paix nationale.
Entre crise de légitimité et manœuvre politique
À 92 ans, Paul Biya entame vraisemblablement un huitième mandat, dans un climat de forte défiance et de contestation politique.
La révélation de Jeune Afrique sur une possible offre de Premier ministre à Issa Tchiroma Bakary pourrait être perçue comme une tentative de désamorcer la crise, ou au contraire, comme une stratégie pour neutraliser un adversaire gênant.
Le Cameroun se trouve ainsi à la croisée des chemins, entre l’appel au dialogue et le risque d’une fracture politique durable.
