Jules Domches : Pourquoi l’Union africaine attend-elle que les cercueils s’alignent pour agir ?
À quelques mois d’élections cruciales en Côte d’Ivoire et au Cameroun, les signaux d’alerte s’accumulent : exclusions politiques, manipulations institutionnelles, pressions sur l’opposition. Dans une analyse sans concession, Jules Domches tire la sonnette d’alarme et dénonce l’étrange passivité de l’Union africaine et des institutions régionales. Faudra-t-il encore compter les morts avant de réagir ?

Alassane Ouattara, Paul Biya, Jules Domches. © Montage Nanou
Dans cette analyse incisive, le chroniqueur politique Jules Domches dénonce l’inaction complice de l’Union africaine et des institutions régionales face aux dérives autoritaires en Côte d’Ivoire et au Cameroun, à l’approche d’élections présidentielles à haut risque.
Les élections africaines : entre verrouillage politique et silence institutionnel
Alors que l’année 2025 s’annonce déterminante pour plusieurs pays africains, notamment la Côte d’Ivoire et le Cameroun, les signaux d’alerte se multiplient. Pourtant, ni l’Union africaine (UA), ni les organisations sous-régionales comme la CEDEAO, la CEEAC ou la CEMAC ne semblent prêtes à intervenir. Ce silence, selon Jules Domches, chroniqueur et analyste politique, est non seulement coupable, mais potentiellement criminel.
Côte d’Ivoire : quand l’exclusion devient stratégie politique
En Côte d’Ivoire, le régime du président Alassane Ouattara semble déterminé à organiser une élection présidentielle sans véritables adversaires. Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, et même Tidjane Thiam sont progressivement exclus du jeu électoral sous divers prétextes légaux.
Un paradoxe inquiétant pour un homme politique lui-même jadis victime d’exclusion. Cette répétition des erreurs du passé fait craindre un retour aux violences postélectorales, comme celles qui ont ensanglanté le pays en 2010.
Cameroun : le cas Kamto, ou la peur de l’alternance
Au Cameroun, le professeur Maurice Kamto, principal opposant du régime vieillissant de Paul Biya, subit une cabale politique orchestrée par le pouvoir. Report des élections locales, manœuvres administratives, pressions, tentatives de corruption : tout est mis en œuvre pour bloquer sa candidature.
Mais Kamto riposte. En quittant son parti d’origine, le MRC, pour être investi par le MANIDEM, il déjoue la stratégie du régime. Une manœuvre brillante qui provoque une réaction grotesque : modification du site du ministère de l’Administration territoriale, changement arbitraire du président officiel du MANIDEM… jusqu’à l’effacement temporaire du site.
Le dialogue préventif : une urgence pour l’Afrique
Pour Jules Domches, il ne s’agit pas seulement de dénoncer. Il propose une voie : le dialogue préventif, en opposition à la guerre préventive que d’autres nations brandissent ailleurs. Avant que le sang ne coule, les institutions africaines devraient dialoguer, médiatiser, apaiser les tensions.
Mais au lieu d’agir, l’Union africaine et les puissances internationales regardent ailleurs. Comme à leur habitude, elles attendent que les cercueils s’alignent pour organiser des conférences de presse inutiles.
Silence complice ou impuissance organisée ?
Le silence de l’Union africaine est d’autant plus grave qu’il est répétitif. Lors des révisions constitutionnelles qui ont permis à plusieurs chefs d’État africains de s’éterniser au pouvoir, l’UA et ses relais régionaux n’ont rien fait. Résultat : crises, coups d’État, instabilité chronique.
Si rien n’est fait maintenant, la Côte d’Ivoire et le Cameroun risquent de rejoindre cette longue liste de pays broyés par le cynisme politique.
Enfin : prévenir, c’est gouverner
L’analyse de Jules Domches est un cri d’alarme lucide et documenté. L’Afrique ne peut plus se permettre de toujours réagir après la catastrophe. La prévention politique doit devenir une doctrine pour l’Union africaine et ses organisations affiliées.
Comme le rappelle l’adage : « Mieux vaut prévenir que guérir. » Encore faut-il vouloir écouter.
Analyse en vidéo de : Jules Domches