Le Burkina Faso prend la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA malgré les tensions régionales
Malgré des tensions diplomatiques avec la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso affirme sa présence au sein de l’UEMOA. La désignation de Dr Aboubakar Nacanabo à la présidence du Conseil des ministres intervient alors que le pays, en coordination avec les autres États de l’AES, prépare la création de leur propre monnaie. Pour l’instant, le Burkina Faso reste un acteur engagé mais prudent, conscient que ce projet ambitieux prendra du temps.

Le 6 octobre 2025 à Dakar, Dr Aboubakar Nacanabo, Ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, a été désigné président du Conseil des ministres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette nomination intervient dans un contexte régional complexe, marqué par des tensions diplomatiques persistantes avec la Côte d’Ivoire, mais également par des initiatives nationales ambitieuses, telles que la préparation de la création d’une monnaie nationale burkinabè.
Une présidence stratégique pour le Burkina Faso
Pour le Burkina Faso, cette présidence constitue une opportunité stratégique. Elle offre au pays la possibilité d’influencer davantage les décisions économiques au sein de l’UEMOA, un espace qui regroupe huit pays d’Afrique de l’Ouest partageant une monnaie commune, le franc CFA. La nomination de Dr Nacanabo intervient alors que le pays affiche sa volonté d’accroître son autonomie financière, tout en restant engagé dans les mécanismes de coopération régionale.
Les observateurs notent que cette présidence survient à un moment où le Burkina Faso entreprend des réformes économiques majeures, notamment la mise en place d’instruments financiers nationaux et la réflexion sur une monnaie propre. Une telle initiative marque une volonté claire de renforcer la souveraineté économique du pays, tout en continuant de collaborer avec ses partenaires régionaux.
Un contexte régional délicat
La désignation du Burkina Faso à la tête du Conseil des ministres de l’UEMOA se déroule dans un climat de tensions avec la Côte d’Ivoire, liées à des divergences diplomatiques et à des enjeux économiques. Malgré ces différends, la décision prise à Dakar montre que les mécanismes institutionnels de l’UEMOA continuent de fonctionner et permettent à chaque État membre de jouer un rôle actif dans la gouvernance régionale.
Cette situation illustre également la complexité de la coopération ouest-africaine : les différends bilatéraux n’empêchent pas la participation constructive aux instances régionales, mais soulignent la nécessité d’un dialogue renforcé pour éviter que des tensions ne freinent le développement économique et la stabilité régionale.
Une présidence qui interpelle
La nomination de Dr Nacanabo est perçue comme un signal fort envoyé par le Burkina Faso à ses partenaires : le pays entend s’impliquer pleinement dans la définition des politiques économiques régionales tout en poursuivant ses ambitions internes. En parallèle, cette présidence pourrait servir de plateforme pour promouvoir des réformes au sein de l’UEMOA, adaptées aux réalités économiques et sociales actuelles de ses États membres.
Par ailleurs, la question de la création d’une monnaie nationale burkinabè pourrait susciter des discussions au sein de l’organisation. Si cette initiative est encore en phase de préparation, elle reflète une volonté plus large des pays ouest-africains de diversifier leurs instruments monétaires, tout en maintenant un équilibre avec les engagements régionaux.
Conclusion
En dépit des tensions régionales et des défis économiques internes, le Burkina Faso démontre sa capacité à jouer un rôle central dans les instances régionales. La présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA par Dr Aboubakar Nacanabo marque un pas important pour le pays, en lui permettant d’influencer les décisions économiques régionales tout en poursuivant ses réformes nationales. Cette situation rappelle que, même dans un contexte parfois complexe, la coopération régionale reste un levier essentiel pour le développement et la stabilité en Afrique de l’Ouest.
