L’UA change ses ambassadeurs… mais c’est toute l’institution qu’il faut réformer !
Alors que l’Union africaine vient d’annoncer une vague de nominations diplomatiques dans des capitales clés, une question dérangeante s’impose : et si ces changements n’étaient qu’un pansement sur une plaie béante ? Minée par l’inefficacité, l’inertie et les jeux d’influence, l’UA a-t-elle encore les moyens d’incarner l’unité africaine qu’elle proclame ? Plongée dans les coulisses d’une réforme qui tarde à venir.

🌍 Une diplomatie qui bouge… mais une institution qui stagne
Le récent remaniement diplomatique engagé par Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’Union africaine, marque une tentative de donner un nouveau souffle à la diplomatie panafricaine. De nombreux postes d’ambassadeurs sont en train d’être renouvelés, notamment dans des capitales majeures comme Bruxelles, New York, Pékin ou Paris.
Mais derrière ces mouvements, une vérité demeure : l’Union africaine est une institution en perte de vitesse, déconnectée des réalités politiques des peuples africains, et incapable de peser efficacement sur les dossiers majeurs du continent.
🔁 Un « mercato » diplomatique aux allures de ravalement de façade ?
Si les nominations en cours montrent une volonté de réorientation stratégique, elles ne sauraient dissimuler les carences structurelles qui minent l’UA :
- Incapacité à gérer les crises sécuritaires (Sahel, Soudan, RDC…)
- Manque de cohérence dans les positions politiques
- Faible poids dans les négociations internationales
- Lenteurs administratives et manque de transparence
- Absence de sanctions claires pour les régimes anticonstitutionnels…
Tant que ces dysfonctionnements systémiques ne seront pas adressés, aucun changement de personnel ne suffira à transformer l’UA en véritable puissance diplomatique continentale.
⚖️ Une réforme profonde et urgente de l’Union africaine
Ce remaniement doit être l’occasion de poser les bases d’une réforme structurelle profonde de l’UA. Il ne s’agit pas seulement de changer les visages, mais de repenser le fonctionnement de l’organisation. Parmi les priorités urgentes :
- Redéfinir les missions de l’UA avec des objectifs clairs et mesurables
- Rendre les institutions plus démocratiques, inclusives et représentatives
- Renforcer l’indépendance financière vis-à-vis des bailleurs extérieurs
- Instaurer une véritable diplomatie africaine indépendante, au service des peuples
🧭 Mahmoud Ali Youssouf : une vision à concrétiser
Le président de la Commission, Mahmoud Ali Youssouf, semble conscient des défis. Ce remaniement diplomatique pourrait être le premier signal d’une volonté de rupture. Il lui revient désormais d’accompagner ce mouvement d’un agenda de réforme fort, sans quoi l’Union africaine restera ce qu’elle est depuis trop longtemps : un géant institutionnel aux pieds d’argile.
Enfin :
Le changement de diplomates ne doit pas servir d’opération de communication, mais d’amorce à une refondation politique profonde de l’Union africaine. Le continent fait face à des enjeux immenses : insécurité, coups d’État, ingérence étrangère, fragmentation économique… L’UA ne peut plus rester spectatrice.
Il est temps de briser les chaînes de l’inertie bureaucratique et de construire une institution continentale forte, réactive, au service de l’intégration, de la souveraineté et de la justice pour les peuples africains. Sans cela, même les meilleures nominations ne seront que des rustines sur un navire à la dérive.