PDCI: de faiseur de roi à victime du régime qu’il a servi, Thiam exclu

L'opposant Tidjane Thiam radié de la liste électorale
Il fallait s’y attendre, et nous y sommes.
Après Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, c’est désormais au tour de Tidjane Thiam d’être écarté de la liste électorale. Pour celles et ceux qui ne savent pas qui est Thiam, il est présenté par beaucoup comme un sérieux prétendant à la victoire lors de la présidentielle ivoirienne d’octobre prochain. Alors, mes chers amis, autant le dire tout de suite : cette décision de la justice ivoirienne – comme bien d’autres – n’est rien d’autre qu’une tentative grossière d’éliminer certains adversaires politiques.
Le bénéficiaire évident de cette situation est l’actuel chef de l’État ivoirien, qui, sauf cataclysme, sera bel et bien candidat pour un quatrième mandat. Encore une fois, le problème se pose : la question de l’alternance. Personne ne veut céder le pouvoir. Et pour s’y maintenir, certains ont recours à toutes les manigances possibles.
Actuellement, la sphère web ivoirienne est en ébullition. Les uns et les autres expriment leur colère. Alors c’est donc ça, la démocratie ? On élimine certains candidats pour mieux rester au pouvoir ?
Ce qui m’écœure le plus dans cette affaire, c’est l’attitude opportuniste des politiciens ivoiriens. Aujourd’hui, le PDCI se plaint, alors que c’est ce même PDCI qui a permis l’arrivée au pouvoir de celui qu’il critique aujourd’hui. Ce sont les mêmes qui ont applaudi hier, et qui dénoncent aujourd’hui. Je ne cherche pas à justifier les abus, mais je pose la question : quand les politiciens ivoiriens et africains en général vont-ils enfin faire de la politique par conviction ?
En Côte d’Ivoire, en politique, tout est possible, même l’impossible. L’idéologie politique est devenue une formalité. Elle est sacrifiée sur l’autel du pragmatisme. Les alliances se nouent non pas par affinité idéologique, mais par simple stratégie. Si aujourd’hui le PDCI est opposé au parti du président, c’est uniquement parce que leur rapprochement stratégique, amorcé en 2005 pour faire partir Laurent Gbagbo, n’a pas abouti comme prévu.
Cette alliance reposait plus sur une nécessité conjoncturelle que sur une réelle vision commune. En 2010, le PDCI accepte de soutenir la candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle, en espérant un « retour d’ascenseur » du RHDP aux élections suivantes. Mais, comme vous le savez, le pouvoir n’a pas tenu parole.
Je vous vois venir : bien sûr, créer un parti politique, c’est pour accéder au pouvoir. Mais à quel prix ? Faut-il pour cela renier ses idéaux ? Si c’est le cas, alors le parti politique n’a plus de raison d’être.
Sur l’échiquier politique ivoirien actuel :
- Le PDCI-RDA est souvent présenté comme un parti de centre-droit,
- Le RDR comme un parti centriste,
- Le parti de Laurent Gbagbo est de gauche, avec une idéologie axée sur la justice sociale, la réduction des inégalités et une forte intervention de l’État.
Le panafricanisme et le souverainisme sont les idéaux revendiqués. Bien que flous, le parti de Simone Gbagbo, se rapproche sur plusieurs points de l’idéologie de Laurent Gbagbo.
Mais en regardant de près l’histoire politique ivoirienne, on constate que des partis aux idéologies opposées s’unissent juste pour faire partir un homme. Une fois l’objectif atteint, ils redeviennent ennemis. C’est risible, n’est-ce pas ? Avec une telle approche, comment espérer des résultats crédibles ou durables ?
Souvenez-vous, en 2020, lors du passage en force de l’actuel président pour un troisième mandat. certains l’on critiquer publiquement, mais à la surprise générale, certains opposants sont allés lui présenter leurs excuses.
Ce qui arrive aujourd’hui à Tidjane Thiam (et à d’autres) est inacceptable. Et le meilleur moyen de vaincre ce type de pratiques, c’est de faire de la politique par conviction.
La politique ivoirienne gagnerait en crédibilité, efficacité et légitimité si elle s’enracinait dans des convictions profondes plutôt que dans les calculs opportunistes. Faire de la politique par conviction, c’est porter une vision sincère du bien commun, défendre des idées claires, agir avec intégrité, même lorsque les vents contraires soufflent.
Dans un pays marqué par des décennies de crises, de divisions et de méfiance, il est urgent que les leaders politiques incarnent un renouveau moral fondé sur l’engagement authentique. Ce n’est qu’à ce prix que la jeunesse pourra à nouveau croire en la noblesse de l’engagement public.
La politique ne doit plus être un tremplin pour les ambitions personnelles, mais un sacrifice au service de l’intérêt collectif.
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=RWSRp96boAA
hi
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