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Pourquoi il faut laisser du temps aux dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES)

Alors que les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) tracent une nouvelle voie vers la souveraineté, une partie de l’opinion internationale continue de leur imposer un agenda de précipitation. Entre exigences électorales, attentes économiques irréalistes et impatience stratégique, cette pression reflète une profonde méconnaissance des dynamiques de transformation politique.

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Une obsession occidentale : l’agenda des élections et les résultats immédiats

Depuis l’arrivée au pouvoir des dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), une partie de l’opinion, notamment occidentale et Africaine, semble obsédée par une seule chose : le calendrier électoral. Quand auront lieu les élections ? Quand reviendra-t-on à la « normalité » démocratique ? Et surtout : quand verrons-nous des résultats économiques spectaculaires ? Des transformations structurelles ? Une croissance fulgurante ?

Cette obsession, souvent relayée dans les médias internationaux et certaines chancelleries, trahit une incompréhension fondamentale de ce qu’est une révolution politique authentique.

Une révolution n’est pas un agenda : c’est un processus

Les transitions en cours au Burkina Faso, au Mali et au Niger ne peuvent être réduites à un simple chronogramme imposé de l’extérieur. Une véritable transformation politique est un processus de fond, une renaissance, un arrachement parfois douloureux au passé. Et comme toute renaissance, elle nécessite du temps, de la patience, de la vision, et surtout de la cohérence dans l’implémentation.

Exiger des résultats immédiats dans un contexte post-colonial marqué par des décennies de dépendance militaire, économique, diplomatique et culturelle est non seulement injuste, mais absurde.

Aucune souveraineté ne se construit dans l’urgence

L’histoire le montre : aucune nation souveraine ne s’est construite dans la précipitation. Même les grandes puissances occidentales ont mis des siècles à bâtir leurs institutions, à stabiliser leurs économies, à forger leur identité nationale.

Alors pourquoi imposer aux peuples sahéliens ce que l’Occident lui-même n’a jamais su faire dans l’urgence ? Le temps est une arme stratégique. Il est essentiel à la reconstruction. Le refuser aux leaders de l’AES, c’est programmer leur échec.

La Russie comme exemple de retenue stratégique

Dans ce contexte, il est utile de rappeler la philosophie géopolitique russe. Lorsqu’on demande à Vladimir Poutine pourquoi la Russie, malgré ses capacités militaires, économiques et diplomatiques, ne répond pas de façon frontale aux provocations occidentales, il répond avec clarté : parce que la puissance n’est pas l’impulsivité.

La Russie, forte de plus de mille ans d’histoire, agit avec recul, stratégie et patience. Elle ne cède pas à la réaction immédiate, mais agit au moment juste, quand l’histoire l’exige.

Leçon pour l’Afrique : la patience est une stratégie, pas une faiblesse

Cette leçon est capitale pour les nations africaines en transition. L’AES doit résister à la pression extérieure, refuser les agendas précipités et construire des fondations solides. C’est ce que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont compris : la lenteur choisie est une forme de sagesse, pas une preuve d’échec.

L’obsession des résultats rapides : un piège pour l’Afrique

Nombreux sont ceux qui, de bonne ou de mauvaise foi, souhaitent voir l’AES échouer pour en faire des contre-exemples. Ils espèrent que ces régimes tombent pour valider l’idée que seule la démocratie électorale occidentale fonctionne.

Mais le peuple sahélien a besoin de temps pour :

  • Rééduquer les mentalités post-coloniales
  • Décoloniser les institutions
  • Reconstruire une souveraineté réelle
  • Restaurer l’autorité populaire

Ce processus ne se fait pas en quelques mois. Il demande des années, peut-être des décennies.

Une responsabilité collective : soutenir sans précipiter

La responsabilité ne repose pas uniquement sur les dirigeants de l’AES. Elle repose aussi sur nous, citoyens africains, analystes, militants, intellectuels, influenceurs. Nous devons comprendre que le temps est un allié, pas un ennemi. L’impatience peut saboter ce qui, bien que lent, est solide et porteur d’avenir.

“Un peuple qui n’a pas droit au temps court à sa perte.”

En conclusion : la vraie révolution prend du temps

La transition que vivent les pays de l’AES est historique. Ce n’est pas une simple alternance politique : c’est un changement de paradigme, un rejet du néocolonialisme, un recentrage sur les valeurs africaines de dignité, d’autodétermination et de souveraineté.

Laissons le temps aux dirigeants de faire leurs preuves. Le juge suprême sera l’histoire.

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