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Rencontres internationales « Carrefour africain Thomas Sankara » : jeunesse debout pour la souveraineté et la rupture avec les chaînes coloniales

La première édition des Rencontres internationales « Carrefour africain Thomas Sankara » s’est tenue à Ouagadougou du 12 au 14 octobre 2025, rassemblant militants, intellectuels et jeunes leaders autour du thème « Héritiers de Sankara : jeunesse debout ». Au centre des débats : la transmission des idéaux sankaristes, la lutte contre les « pièges formels » (traités, accords et instruments monétaires) et l’urgence d’une souveraineté économique réelle pour l’Afrique.

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Ouagadougou réactive la boussole sankariste

Du 12 au 14 octobre 2025, Ouagadougou a accueilli la première édition d’un rendez-vous qui se veut à la fois mémorial et laboratoire d’idées : la Rencontre internationale Carrefour Africain Thomas Sankara. Organisée dans le cadre de la 38ᵉ journée d’hommage au capitaine Sankara, la manifestation a rassemblé des délégations de plusieurs pays africains, des membres du comité international du mémorial, des architectes et d’importantes voix de la jeunesse panafricaine.

Héritage et mémoire : commémorer pour agir

Les intervenants ont insisté sur la nécessité de ne pas réduire Sankara au simple symbole : sa pensée — dignité, autogestion, anti-impérialisme — doit inspirer des politiques concrètes. La cérémonie coïncide avec l’achèvement et la mise en valeur du mausolée dédié à Sankara, projet architectural qui vise à transformer la mémoire en lieu d’éducation civique et de mobilisation.

Identifier les pièges : formels vs informels

Plusieurs allocutions reprises lors de la rencontre ont mis en garde contre les « pièges formels » : contrats, traités et accords internationaux qui verrouillent l’accès aux ressources et limitent la marge de manœuvre des États africains. Parmi les exemples cités figure l’ouvrage Les servitudes du pacte colonial, qui documente des clauses héritées des indépendances et dénoncées par nombre d’analystes comme obstacles à la souveraineté.

Le franc CFA : symptôme d’une souveraineté incomplète

Le franc CFA est revenu au centre des débats. Pour beaucoup d’orateurs, la monnaie actuelle incarne une « stabilité » qui a surtout signifié une stabilité dans la dépendance et la pauvreté. Les intervenants ont rappelé que la maîtrise de la monnaie est cruciale pour l’exercice pleine et entière de la souveraineté nationale et régionale, et ont appelé à des alternatives monétaires décidées par les peuples et non imposées par des accords externes. Les récents débats et initiatives politiques montrent que la question reste vive en 2025.

Des ennemis internes aussi à combattre

Au-delà des pressions externes, la conférence a pointé les ennemis internes : élites complaisantes, clientélismes, et une petite bourgeoisie « comprador » qui freine les transformations profondes. Le message central adressé aux jeunes : s’organiser, s’informer, et créer des contre-poids politiques et sociaux capables d’imposer des choix audacieux en faveur de la souveraineté.

Appel à la jeunesse : éducation, engagement et action

Le thème « jeunesse debout » n’était pas cosmétique. Les participants ont proposé des pistes concrètes : ateliers d’incubation politique, formations en économie souveraine, plateformes de plaidoyer transnationales et réseaux culturels pour populariser l’histoire et la pensée sankariste. L’objectif : faire de la mémoire un moteur d’action, pas une commémoration sterile.

Enfin

La première édition du Carrefour africain Thomas Sankara a montré que la mémoire peut redevenir un instrument de lutte et d’orientation politique. Entre souvenirs, architecture mémorielle et revendications économiques, la parole donnée à la jeunesse et l’exigence d’une relecture des accords historiques apparaissent comme les clés d’une souveraineté à reconstruire. Les prochains mois diront si ces paroles se traduiront en politiques et en ruptures concrètes.

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