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Union Africaine : Faut-il la réformer en profondeur ou, au pire la supprimer ?

Alors que l’Afrique célèbre ce 25 mai la création de l’Union africaine, une question dérangeante s’impose : cette organisation sert-elle encore les intérêts des peuples africains ? Entre inertie diplomatique, et échec de l’intégration continentale, l’UA apparaît de plus en plus comme une coquille vide. Faut-il la réformer en profondeur ou tout simplement la supprimer pour rebâtir une union véritablement au service des Africains ?

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En ce 25 mai, l’Afrique célèbre une fois de plus l’anniversaire de la création de l’Union africaine (UA), héritière de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) fondée en 1963. Comme chaque année, les chefs d’État enfilent leurs costumes sur mesure, débitent des discours convenus sur la « solidarité africaine », et se félicitent d’un bilan diplomatique qui ne résiste pourtant pas à l’analyse. En vérité, cette institution continentale, censée incarner l’unité, la souveraineté et le progrès des peuples africains, n’est aujourd’hui qu’un simulacre technocratique.

Une Union de façade

L’Union africaine a été fondée avec des objectifs nobles : promouvoir la paix, la sécurité, la démocratie, le développement économique et l’intégration des États africains. Mais après deux décennies d’existence sous sa nouvelle forme, l’échec est patent. En matière de gouvernance, l’UA a multiplié les déclarations mais fermé les yeux sur les dictatures chroniques, les coups d’État constitutionnels, la fraude électorale, et la répression brutale des mouvements citoyens.

Des chefs d’État qui modifient les constitutions pour s’éterniser au pouvoir, comme Paul Biya au Cameroun ou Faure Gnassingbé au Togo, sont accueillis sans gêne dans les sommets de l’Union, parfois même érigés en « médiateurs » dans des crises régionales. Comment peut-on défendre la démocratie avec une telle hypocrisie ? L’UA agit souvent comme un syndicat de chefs d’État plus soucieux de leur immunité que du sort des peuples.

Une architecture lourde, sans impact réel

Avec un budget alimenté par les contributions des États membres, mais aussi et surtout par des financements extérieurs (Union européenne, Chine, Banque mondiale…), l’Union africaine est aujourd’hui plus dépendante que jamais. Sa capacité de décision est paralysée par des querelles de leadership, des lenteurs bureaucratiques et des contradictions flagrantes.

Le Conseil de paix et de sécurité, censé intervenir dans les situations de crise, n’a jamais été à la hauteur de ses ambitions. Face aux conflits qui ravagent la RDC, le Soudan, la Libye, le Sahel ou l’Éthiopie, l’UA s’est montrée incapable de déployer une véritable force de réaction rapide. Elle brille par son absence ou son inertie, pendant que les puissances étrangères, elles, imposent leur agenda militaire et économique.

Une intégration continentale en panne

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), présentée comme un tournant historique, demeure bloquée par les divergences nationales, les barrières tarifaires, l’insuffisance des infrastructures et l’absence de volonté politique réelle. L’UA échoue à mettre en œuvre une vision économique cohérente pour le continent. Pis encore, elle ne parvient pas à enrayer la dépendance de l’Afrique aux marchés extérieurs.

En matière de libre circulation des personnes, les promesses sont restées lettres mortes. Voyager d’un pays africain à un autre demeure souvent plus compliqué que de se rendre en Europe. L’unité africaine, dans la pratique, est un mythe bureaucratique.

Une réforme timide

La Commission de l’Union africaine reste une coquille vide, sans pouvoir contraignant, sans autorité sur les États membres, et sans réelle légitimité populaire. Les réformes internes, souvent annoncées, n’ont jamais été mises en œuvre sérieusement.

Supprimer l’Union africaine pour reconstruire autrement ?

Face à un tel constat, une question radicale mais légitime se pose : faut-il supprimer l’Union africaine pour reconstruire une nouvelle forme de coopération entre peuples africains, plus horizontale, plus utile ?

Pourquoi ne pas imaginer une Confédération des Peuples Africains, fondée non plus sur les États-nations hérités de la colonisation, mais sur des blocs régionaux solides, sur des organisations citoyennes, des parlements panafricains élus, et des mécanismes contraignants de respect des droits humains et de reddition des comptes ?

L’Afrique mérite mieux qu’une institution de façade qui camoufle l’immobilisme sous des fanions de bonne volonté. Elle mérite une Union qui agit, pas une Union qui bavarde.

Conclusion

Le 25 mai ne devrait pas être un jour de célébration creuse, mais un moment d’introspection. L’Union africaine a trahi ses promesses. Elle doit être profondément refondée, ou, s’il le faut, remplacée. Les peuples africains ne peuvent continuer à confier leur destin à une organisation qui ne les représente pas, ne les défend pas, et ne les inspire plus.

Le temps est venu de penser une nouvelle architecture politique panafricaine. pour que l’Afrique avance, libre, forte, unie – vraiment.

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